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#5 - A la rencontre de projets à Madagascar

Dernière mise à jour : 12 déc. 2020

Chers tous,


Dans notre dernière newsletter, nous revenions sur la période de fin mars à fin juin pendant laquelle, faute de pouvoir travailler à l’école de Besely en raison des contraintes sanitaires, nous avons mis en place un programme de formation des professeurs d’Écoles du Monde.


Cette formation a pris fin avec le début des vacances scolaires durant lesquelles les différentes personnes de l’équipe de l’ONG vont rendre visite à leurs familles respectives, parfois très loin de Majunga. A Madagascar, les vacances d’été durent généralement 3 à 4 mois, la rentrée scolaire ayant rarement lieu avant octobre.

Ainsi, avant de dire au revoir à nos chères maîtresses pour une si longue durée, nous avons décidé de les réunir à l’école de Besely, afin de partager quelques jours tous ensemble. Cela faisait plus de trois mois qu’aucun d’entre nous n’était retourné sur le site et nous étions tous ravis de retrouver une vie commune, de retourner au calme de la brousse et de profiter de l’école, même si elle paraissait bien vide sans enfant !


Au programme de cette 12ème et dernière semaine de formation : compte-rendu des apprentissages, échanges sur les points essentiels à retenir et ceux à approfondir à la rentrée, sport matinal, danse enflammée et beaucoup de rires et d’émotions !

On doit dire que le compte-rendu des différentes enseignantes nous a beaucoup touché, avec de très jolis mots qui nous sont allés droit au cœur. Exemple d’un petit extrait qui nous a ému, autant par son contenu que par son niveau de français, témoin d’un progrès impressionnant chez nos maîtresses adorées : « Je remercie du fond du cœur Madame Tiphaine et Monsieur Marc d’avoir consacré du temps malgré l’épidémie mondiale de Covid 19 à nous former avec tant de générosité et d’amour » (trop d’émotions on vous dit, on est encore émus à relire ces différents comptes-rendus, quelques mois plus tard !).




Et qui dit dernière semaine de formation dit fête de fin d’année ! Nous avons donc organisé une petite célébration pour notre dernier soir à l’école. Au programme, un délicieux dîner cuisiné tous ensemble et de la musique pour se déhancher sous le ciel étoilé de brousse.

Et pendant que les adultes cuisinaient, ce sont les enfants qui se sont fait une joie de commencer à danser sur les rythmes malgaches !






Après cette jolie semaine de partage, nous avons aidé nos chères maîtresses à charger toutes leurs affaires dans le taxi brousse et ça n’a pas été une mince affaire ! Un au revoir jusqu’en octobre, non sans une petite émotion, on doit bien l’avouer.



***


Nous avions donc 3 semaines devant nous avant les camps d’été, qui devaient démarrer le 1er août avec les animateurs que nous avions recrutés. Les déplacements dans le pays restaient limités à cause du Coronavirus et il était impossible pour nous d’aller visiter le Sud comme nous l’avions imaginé au début de l’année.

Nous avons donc décidé de partir avec notre voiture vers le Nord et de profiter de ces quelques semaines libres pour aller rendre visite à d’autres projets qui, comme Écoles du Monde, ont décidé de venir en aide à la population malagasy.


Notre périple nous aura ainsi permis de découvrir 4 très beaux projets et surtout de faire de magnifiques rencontres. On vous fait un petit résumé de cette jolie aventure improvisée !



1ère étape : la Mission catholique de Tsarahasina et La Maison de l’Artemisia


Armés de nos masques, nous nous mettons donc en route vers Port Bergé, où, sur les recommandations d’un ami (merci Malcolm !), nous allons rendre visite au Père Bertrand. Ce prêtre missionnaire a créé la Mission catholique de Tsarahasina en 2010 qui vient en aide à la population de la région sur bien des aspects : nous étions curieux de découvrir tout ça !


Et on doit dire qu’on l’aura mérité : la première journée de voyage a été quelque peu sportive. En effet, les routes malagasys sont très différentes des routes sur lesquelles nous avons la chance de rouler en Europe ! Manque de goudron, fissures, trous géants, troupeaux de zébus et camions en panne sur la route sont fréquents à Madagascar.

Nous avons ainsi parcouru 250 kilomètres de route nationale en ... 9 heures. Un trajet qui réapprend à prendre la mesure des distances que nous traversons si vite avec nos moyens de transports modernes. Qui oblige également à travailler notre patience : et oui, l’excès de zèle des policiers malagasys nous aura mis à l’épreuve ; nous sommes restés bloqués 2 heures à un barrage sanitaire avant de pouvoir repartir (sans aucune contrepartie financière, on tient à le préciser)



Ce trajet nous aura également offert une jolie rencontre fortuite : sur la route au milieu de nulle part, nous avons croisé un ami hollandais qui voyage à Madagascar en vélo ! On tire notre chapeau à ce courageux voyageur : faire des kilomètres en plein soleil (la région est entièrement déboisée) alors qu’il fait 33 degrés et que l’indice UV est dangereusement haut, on n’aurait pas le courage d’en faire autant !




Après ce joli périple, nous rencontrons le Père Bertrand, prêtre missionnaire à Madagascar depuis 25 ans et véritable bâtisseur au service de la population malgache. Il y a 10 ans, il a démarré une nouvelle mission à Tsarahasina où il est engagé dans 30 villages de brousse de la région. Il y a fait sortir de terre des écoles, des dispensaires et des églises, il rend visite aux familles des communautés éloignées et partage simplement sa vie avec des populations dans le besoin. Quand on sait que certains villages ne sont accessibles qu’à la saison sèche après 7 longues heures de marche, on se rend compte de l’exploit ! Pour vous donner un ordre de grandeur : le Père Bertrand a construit 150 salles de classe depuis son arrivée à Tsarahasina il y a 10 ans. Impressionnant !


Au programme de ces quelques jours : de très belles rencontres, de très nombreuses visites d’écoles (finies ou en construction : le Père Bertrand ne s’arrête jamais !), de dispensaires, de communautés de bonnes sœurs elles-aussi au service de la population.

En effet, nous avons pu rencontrer des prêtres, séminaristes et bonnes sœurs envoyés auprès du Père Bertrand, en particulier le Père Gabriel, prêtre missionnaire en formation, qui se prépare à lui aussi consacrer sa vie au service de la population malagasy. Et un nouveau joli clin d’œil de la vie : le Père Gabriel connaît très bien le Père Pierre, le prêtre d’Arradon qui nous a préparés au mariage l’année dernière !




On doit dire qu’on a été impressionnés par le travail et la bonté qui se dégagent de cette mission et surtout par la joie rayonnante de personnes qui donnent leur vie pour les autres.


Avant de partir, le Père Bertrand nous a également fait découvrir la Maison de l’Artemisia de Port Bergé, un projet qu’il a lancé il y a quelques années. Ce lieu est une antenne de La Maison de l’Artemisia, une association humanitaire française de lutte contre le paludisme. Elle a pour missions d’accélérer les recherches sur la tisane d’Artemisia, traitement ancestral contre le paludisme, et d’encadrer et augmenter la production de cette plante dans les pays impaludés. L’ONG créé donc des Maisons de l’Artemisia dans différents pays de l’hémisphère Sud, comme à Madagascar, où il en existe deux.

L’Artemisia a d’ailleurs beaucoup fait parler d’elle cette année, car elle est l’ingrédient principal du Covid Organics, une tisane présentée comme remède à la Covid-19 par le gouvernement malagasy.


Daricia, la directrice de la Maison de l'Artemisia de Port Bergé, nous a très gentiment accueillis dans ce centre de production et de formation à la culture de cette plante et à ses utilisations thérapeutiques.




***



2ème étape : Ambanja, la ville des plantations


Après une nouvelle route épique pendant laquelle la végétation reprend peu à peu ses droits, nous voici à Ambanja, où nous avons été adorablement accueillis par Perno, le fils d’amis de Majunga, et sa famille.






Les premiers jours ont été consacrés à la découverte de la ville et de ses environs à vélo :

- 1er jour : remontée des rives du Sambirano, fleuve mythique de la région. Se baigner dans ses eaux est un signe de purification, nous ne nous sommes pas fait prier !

- 2ème jour : balade dans les nombreuses plantations de la région : cacao, café, poivre, vétiver, vanille, patchouli, basilic africain, cannelle... il y en a pour tous les goûts ! Puis balade dans la ville, à la découverte de marchés en tout genre au milieu d’une folle agitation.

- 3ème jour : 20km de piste puis quelques kilomètres de pirogue pour découvrir une très belle cascade au milieu d’une végétation luxuriante. Un pique-nique entre amis dans un si beau cadre, ça vaut le détour !


Résultat : 100 kilomètres de vélo (sur les pistes malgaches, ça travaille les cuisses !), de belles rencontres et de magnifiques paysages!





Notre séjour à Ambanja aura également été l’occasion de découvrir deux entreprises passionnantes.

La première est l’une des plantations de cacao et de poivre les plus connues de la région. Nous y avons été reçus par Mado, qui nous a fait visiter la plantation avec passion et nous a expliqué les interactions entre les différentes essences d’arbres. Désormais, le cacao n’a plus de secret pour nous !




La deuxième est une entreprise d’huiles essentielles biologiques. Elle travaille avec un ensemble de petits producteurs de la région pour transformer la vanille, l’ylang ylang, le patchouli, le vétiver et encore tout un ensemble de plantes locales. La distillerie fonctionne de manière traditionnelle, avec de magnifiques alambics en cuivre et une chaudière à bois datant de 1907.



En bref, un délicieux séjour avec des personnes formidables! Un immense merci à eux.




***


3ème étape : Nosy Faly New Generation


Après cette douce semaine à Ambanja, nous avons continué notre remontée vers le Nord, pour rejoindre Nosy Faly où nous sommes allés rendre visite à une ONG.


Après 25 kilomètres de piste traversés en... 2 heures (on vous laisse imaginer l’état de la piste), nous avons fait escale à à Ampasindava, un paisible village de pêcheurs. En effet, Tiphaine est tombée malade et nous avons été bloqués quelques jours, le temps qu’elle se remette sur pied : les risques du métier ! Heureusement, la vie est particulièrement douce dans ce village reculé et les paysages ont suffi à occuper les journées de Marc.




Deux jours plus tard, après avoir traversé une mer translucide, nous voici à Nosy Faly, une île de 10km de long sur 2km de large, en face de la célèbre île de Nosy Be.




Encore protégée du tourisme, elle est parsemée de villages subsistants essentiellement de la pêche. L’île est considérée comme sacrée, car elle abrite les sépultures de la dynastie locale.

Ici, pas de voiture, seules quelques motos perturbent l’agréable tranquillité de l’île que nous découvrons à pied, accompagnés d’un jeune guide local, à la rencontre des villageois et de leur quotidien.





Nosy Faly est également connue pour ses nombreuses cultures de Noni, un fruit réputé pour avoir de multiples vertus médicinales : traitement des blessures, des rhumatismes, de l’arthrite, des maux de gorge, propriétés anti-inflammatoires, antibactériennes et antivirales, réduction de l’hypertension, stimulation du système immunitaire, etc. Ce fruit est même considéré comme efficace contre le cancer.



C’est sur ce petit coin de paradis que s’est installé Danilo, un italo-brésilien qui consacre toute son énergie à offrir une éducation de qualité aux enfants des différents villages de l’île. On doit dire qu’on a eu un vrai coup de cœur pour cette personnalité haute en couleurs à la générosité débordante. Malgré les nombreuses difficultés qu’il a pu rencontrer dans le développement de son projet, Danilo n’a jamais perdu courage, s’est installé auprès des plus démunis et a adopté trois enfants dont deux ayant un handicap.


Son école, faite dans de magnifiques matériaux traditionnels, comptait une cinquantaine d’élèves d’école primaire à son ouverture en 2015. Cinq ans plus tard, elle accueille 700 élèves de la maternelle jusqu’à la terminale !! Les enfants viennent même des villages de la Grande Terre pour étudier dans son établissement.

Un vrai modèle de réussite, en particulier parce que Danilo réussit à faire des merveilles avec un budget extrêmement limité.




***


4ème étape : Ananalava, la longue forêt


Après ce beau séjour sur Nosy Faly, nous avons fait demi-tour et sommes redescendus vers le Sud. Nous avons laissé notre voiture à Antsohihy avant de prendre un transport commun très local : le « teuf-teuf ». Ce bateau aussi confortable (une trentaine de personnes entassées dans un bateau sans siège) que silencieux (un moteur à échappement libre = des acouphènes pendant deux jours), est surtout extrêmement rapide : six petites heures de trajet suffisent pour rejoindre Ananalava, à 50km ; un village qui se mérite !





C’est ici qu’œuvre depuis 2015 une association franco-malgache dont l’objectif est la protection de l’environnement et l’amélioration de la qualité de vie des populations locales.

Son histoire est peu commune. Fin 2014, confrontés à la sensible baisse des ressources maritimes, les pêcheurs malagasys du village d’Ananalava créent l’association ATF « Ananalava Tia Fandrosoana » afin de protéger la mer et de se réapproprier les ressources naturelles qu’elle offre. Début 2015, un groupe d’anciens étudiants de La Réunion décide de créer l’association OPH « Opti’pousse Haie » pour protéger les ressources naturelles malagasys et atterrissent par hasard à Ananalava.

C’est ainsi que nait le projet Fanantenana Ananalava dont l’objectif principal est la création d’une aire marine protégée permettant la protection des mangroves, des récifs coralliens ainsi que de la faune marine via une pêche raisonnée.

L’ONG incite également les pêcheurs à diversifier leurs activités de subsistance et de revenus en se tournant vers la terre. Ils dispensent des formations en agroécologie, méthode culturale qui ne nécessitent pas de machine ni d’intrants chimiques, ce qui évite l’endettement des agriculteurs.


Anthony, Edinot, Zo et Bemitera nous ont très gentiment accueillis et nous ont fait découvrir les différents aspects de leur travail quotidien.

Nous avons en particulier découvert un projet passionnant : la création de charbon à partir de paille, et non de bois, afin d’offrir une alternative à la coupe de bois (principalement de mangrove dans leur secteur) aux charbonniers. Une belle initiative pour lutter contre la terrible déforestation du pays.



La découverte de ces beaux projets aura compensé les nombreuses difficultés que nous avons rencontrées à Ananalava. En effet, nous avons fait l’objet d’une descente de police ! La crise du Coronavirus battant son plein, la venue de vazahas (étrangers) dans un si petit village n’a pas plu aux autorités locales. On vous rassure, on a fini par s’en sortir.

Et pour couronner le tout, cela a été au tour de Marc de tomber malade. Nous réaliserons quelques jours plus tard qu’il s’agissait de la dengue !


Nous gardons tout de même un beau souvenir de ce joli lieu et des adorables personnes qui y vivent.




***


5ème étape : La panne


Après 15 jours de périple, les mesures sanitaires ont commencé à être durcies par les autorités pour lutter contre la propagation du Covid-19 dans le pays. Devant cette évolution de la situation, nous décidons de nous remettre en route vers Majunga afin d’être de retour le plus vite possible et d’éviter de rester bloqués dans un lieu éloigné.


Six nouvelles heures de bateau plus tard, nous nous mettons en route vers le Sud. Mais il semblerait que notre voiture en ait décidé autrement : après 2 kilomètres, elle s’arrête, sans nous laisser le moindre espoir de redémarrage...

L’avis du mécanicien tombe : la réparation prendra au moins 2 semaines. Toutes les routes sont en train de fermer, les transports collectifs ont été interdits et nous n’avons plus de voiture : le risque de rester bloqués ici pour une durée indéfinie s’accentue...

Nous vous passons les détails de deux journées extrêmement pénibles: trouver un camion, mettre la voiture dedans sans pont de levage, négocier pendant des heures pour avoir une autorisation de circulation de la préfecture, faire 18 heures de camion dans un habitacle peu confortable, se faire contrôler à 14 barrages de police, décharger la voiture chez un garagiste, prendre un taxi pour rentrer chez nous, rester bloqués dans le sable avec ce même taxi et finir en stop avec toutes nos affaires du voyage...

On n’a jamais été aussi contents de rentrer chez nous !!




***


Retour sur notre excursion en quelques chiffres :

* 18 jours de roadtrip

* 1 800 kilomètres parcourus : 1 000km en voiture, 400km en camion, 150km à pied, 150 km en bateau, 100km en vélo

* 25 barrières sanitaires passées (non, le nombre n’est pas exagéré)

* 6 projets passionnants découverts

* 2 maladies combattues : une dengue pour Marc et une intoxication pour Tiphaine

* 1 descente de police vécue

* Et... 1 panne





***


En résumé, ce roadtrip était une très belle aventure, nous avons découvert de magnifiques projets et rencontré des personnes particulièrement inspirantes. Nous sommes rentrés à Majunga pas du tout reposés, mais ravis !

On vous raconte la suite au prochain épisode (qu’on envoie rapidement cette fois, on a du retard à rattraper).


Les Rama









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